La collégiale Saint-Pierre ou église Saint-Pierre-ès-Liens du Dorat est un pur chef d’œuvre architectural du XIIème siècle. Cette imposante église romane (77 mètres de long et 39 mètres au transept) est bâtie en granite gris avec un plan en croix latine. On y retrouve tous les archétypes du roman limousin de cette période pour une grand église : le déambulatoire, les chapelles rayonnantes, la crypte de soutènement, les baies limousines, des chapiteaux en serpentine, des portails limousins polylobés... C'est un édifice homogène si ce n'est les fortifications du XVème siècle, d’où son caractère massif.
Elle a été classée monument historique en 1846.
HistoriqueSelon la tradition, pour commémorer une victoire gagnée près de Civaux, Clovis aurait fait bâtir un oratoire dans lequel il installa des clercs. Cette tradition pourrait expliquer la date de 501 gravée sur le tympan du portail de la façade principale. L'oratoire devint abbaye, détruite suite à un incendie en 866 et restaurée en 987 par Boson, comte de la Marche, qui y institua des chanoines réguliers. La tradition rapporte que l'église actuelle aurait été bâtie par le second abbé, Drutus Mortemard, qui fit un voyage en Terre sainte.
Le 27 janvier 1130, les corps de Saint-Israël et Saint-Théobald sont levés de terre et transportés en procession dans la collégiale, puis les reliques sont exposées sur les autels afin d'y être vénérées par les fidèles, avant d'être descendues dans la crypte dans deux tombeaux en granit. Jusqu’en 1170, vont se succéder des campagnes de travaux qui ajouteront la nef, la façade, le clocher du transept.
Au XVème siècle, l'abbé Guillaume l'Hermite fit relever les remparts de la ville et fortifier l'édifice. Un chemin de ronde en encorbellement vint couronner les murs de la collégiale. Les huguenots s'emparèrent du Dorat en 1567 et pillèrent le mobilier de l'église.
Au XIXème, l'essentiel du système défensif fut supprimé (chemin de ronde, créneaux et mâchicoulis). En conséquence, la collégiale, telle que nous la voyons aujourd'hui, est quasiment l'image du bâtiment créé au XIIème siècle.
ArchitectureA l'intérieur, le plan en croix latine s'allonge en cinq travées spacieuses, dont quatre sont voûtées d'un berceau brisé sur doubleaux et la dernière d'une coupole hémisphérique. L'escalier monumental de douze marches, allusion au nombre des apôtres, permet de découvrir d'un seul coup d'œil la nef et le chœur.
L'édifice possède un transept de même largeur que la nef, suivi d'un chœur fermé à l'extrémité par une colonnade circulaire. Il se compose d'un déambulatoire à trois chapelles non contiguës, déterminé par le plan de la crypte, dont deux d'entre elles contiennent les châsses de Saint-Israël et Saint-Théobald.
A droite et à gauche des bas-côtés du chœur se trouvent deux autres chapelles semblables, ouvrant sur le transept. Il est possible d'observer de nombreux décors sculptés et chapiteaux à thèmes floral et animal, provenant parfois des édifices antérieurs à celui actuel.
Sous le chœur se trouve la crypte, dédiée à Sainte-Anne, la mère de la Vierge, dont l'accès se fait par deux escaliers situés à droite et à gauche dans le transept. Les voûtes y gardaient encore quelques traces de peinture au XIXème siècle.
A la croisée du transept, la jonction des quatre voûtes de la nef, des croisillons et du chœur est formée par quatre pendentifs qui supportent un dôme octogonal, au-dessus duquel s'élève à l'extérieur le clocher avec sa flèche.
À 60 mètres au-dessus du sol, veille le grand ange en cuivre doré datant du XIIIème siècle, haut de 1,30 m reposant sur une boule de 36 cm de haut, encastré sur la pierre du sommet de la flèche.
A droite de la première arcade de la nef, une autre coupole soutient le lourd clocher carré et sa lanterne sur la façade principale. Indépendamment des deux clochers de la façade et de la nef, quatre autres petits clochetons surmontent les quatre escaliers qui conduisent au-dessus des voûtes.
Au-dessus de la chapelle de l'abside a été élevée une tour défensive fortifiée, qui pourrait avoir été construite au milieu du XVème siècle, plate à l'ouest et bâtie de moellons (munie d'archères, de créneaux et de trois bretèches).
La collégiale possède deux portails : le portail occidental, polylobé, témoignant d'une influence mozarabe (très rare en Limousin) et apportant une note gaie à la sévérité de la façade et le portail Saint-Jean, au Nord, porche roman en berceau brisé à voussures limousines.
Mobilier - La grande cuve baptismale carolingienne : au fond de la nef, en granite rose monolithe et de forme rectangulaire, avec ses lions sculptés en méplat. Cette cuve servait au baptême par immersion dans un précédent édifice.
- Les orgues : la partie instrumentale de cet orgue de chœur signe la facture d'Aristide Cavaillé-Coll, facteur d'orgues à Paris. Donné par une riche famille du Dorat à la collégiale, il fut restauré en 1962 et classé MH en 1978.
- L'autel : œuvre de Philippe Kaeppelin (1973), placé sur un dallage comprenant cinquante dalles de granit aux joints à la chaux. Il comprend quatre cadres de bois latté extrêmement résistant, recouverts d'une épaisse feuille de plomb battue sur la pierre. La table d'autel est une épaisse plaque d'ardoise d'Angers de 3 cm d'épaisseur, soutenue par deux piliers intérieurs. Il est surmonté d'une croix suspendue, et à proximité un Christ de chêne couvert d'une feuille de cuivre, réalisée par le sculpteur Gubellini (1961).
- Les châsses de Saint-Israël et Saint-Théobald : saints protecteurs du Dorat, du XVIIème siècle, en bois doré, reposant sur des stèles de granit avec un entourage en fer forgé, avec en médaillon des émaux de Georges Magadoux (1967).
- Deux vitraux : installés dans les chapelles du transept en 1870. Jusqu’alors, les 60 fenêtres étaient fermées par des murets aveugles ou de simples vitres. De 1881 à 1885, 36 autres vitraux ont été installés.
- Une statue de Saint-Pierre : en plâtre, avec le pied droit en bronze, sur son trône, en train de bénir les fidèles d'un geste de la main droite.
- Les quinze stations du chemin de croix : en terre cuite, réparties sur les murs des nefs latérales. Ce chemin de croix est l'œuvre de Félix Oudin (1962).
Sources :
[->https://www.limousin-medieval.com/le-dorat]
[->https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Saint-Pierre_du_Dorat]
[->http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00100297]